L?oiseau vert

Que c?est triste Venise, le soir sur la lagune, à moins que vous ne rencontriez, en arpentant les canaux, ce cher Carlo Gozzi.

Il a en tête une histoire peu banale, un conte à l?italienne, avec des personnages tous excentriques : une reine-mère Tartagliona dont le fils Tartaglia (ne mélangez pas les genres !) a épousé Ninette, laquelle a failli finir sa vie dans le trou d?un évier. Deux jeunets, frère et s?ur, Renzo et Barbarina, emportés à la naissance dans les flots (ont-ils passé sous le pont des Soupirs ?). Un premier ministre plaintif, Pantalon, un poète plutôt ouf, Brighella, un charcutier, Truffaldino, qui pourrait bien découper sa femme Smeraldina. Des statues qui se font aimer et parlent, telle Pompea et enfin, aidé de son serviteur Calmon, l?Oiseau vert qui apporte le bonheur final après une série d?épreuves.

Mozart, composant la Flûte enchantée vingt-six ans plus tard (1765-1791) a-t-il engendré Papageno et ses épreuves après avoir vu l?Oiseau vert ?

Comme souvent, on oublie les auteurs originaux quand leurs ?uvres revivent, rappelons donc que c?est bien Carlo Gozzi qui a écrit Turandot, mis en musique par Puccini, ainsi que L?amour des trois oranges, qui a inspiré Prokofiev.

Et enfin si Benno Besson a laissé courir sa verve pour actualiser cette ?uvre, c?est bien Carlo Gozzi qui permet à la Troupe du Trabli, son metteur en scène Michel Favre, son décorateur Cornelius Spaeter de vous faire jouir du foisonnement de cette pièce.
Pierre Boggio